Le dernier amour de George Sand : fascinant et émouvant

Cela faisait des lustres (presqu'un an... ahem) que cette biographie un peu particulière qu'est Le dernier amour de George Sand, par Evelyne Bloch-Dano, prenait la poussière dans ma pile de livres à lire ; je n'avais jamais le courage de m'y plonger, j'avais toujours mieux à lire... jusqu'il y a quelques jours, où Le dernier amour de George Sand s'est rappelé à ma bonne mémoire. Si je préfère généralement les autobiographies (il faudra d'ailleurs que j'évoque celle de Mark Twain) aux biographies, je dois avouer que Evelyne Bloch-Dano a su me passionner, me faire découvrir ce grand homme que fut George Sand, au-delà de sa réputation de libertine sulfureuse. "Il est impossible d'être meilleure femme et meilleur garçon à la fois" écrira d'elle Théophile Gautier, et le livre de Evelyne Bloch-Dano ne le dément aucunement. Ouvrez grand les yeux et partez à la découverte d'une femme incroyable, d'une romancière qui pondait à la volée : George Sand... d'autant que depuis sa sortie en grand format aux éditions Grasset, Le dernier amour de George Sand a été repris par Le Livre de Poche, avec un prix adapté aux petits budgets, spécial portefeuille anorexique. Qui dit mieux ?!

La petite Aurore Dupin qui courait dans les prés ; la pensionnaire endiablée et mystique des Augustines anglaises ; la jeune épouse insatisfaite du baron Dudevant ; la mère de famille menant à Paris une vie de bohème ; l'auteur d'Indiana et de Lélia adoptant costume, cigare et pseudonyme masculin ; l'égérie romantique dont toute l'Europe suit les amours avec Alfred de Musset ou Frédéric Chopin ; la romancière admirée par Dostoïevski, Balzac, Delacroix ou Liszt ; la femme libre qui choisit ses amants ; l'idéaliste confrontée à la réalité de la révolution... De tant de rôle, d'une vie si romanesque, si laborieuse, si courageuse, que reste-t-il sinon chagrin et amertume ?Le dernier amour de George Sand - Evelyne BLOCH-DANO

Le dernier amour de George Sand : Alexandre Manceau... mais pas que

Car si le titre nous laisse entendre qu'il sera largement question de cet homme méconnu du public, Evelyne Bloch-Dano s'empresse de rectifier le tir : c'est bien de l'illustre auteur populaire, au semble noble du terme, dont il est question dans cette biographie et de ces années passées en compagnie d'un homme qu'elle a finalement recherché toute sa vie. Mais reprenons du début car je m'emporte, et j'en oublie de vous conter l'histoire de cet amour si attachant. Il était une fois une femme éprise de liberté, incroyablement moderne et bohème mais abîmée par ses amours et la politique, qui a collectionné les amants dont les noms retentissent encore bien des années après leur mort. Après Alfred de Musset et Frédéric Chopin (je ne mentionnerai pas ici les autres hommes ayant partagé sa couche, cela risquerait de prendre un peu trop de temps), George Sand cherche un homme qu'elle n'aura pas besoin de materner, un homme qui ne sera pas fragilisé par un génie les rendant parfois inapte à l'amour. Le XIXe siècle est encore l'une de ces époques où les gens passaient des mois entiers à festoyer chez leurs connaissances et le premier hiver mentionné par Evelyne Bloch-Dano ne manque pas à la règle : George Sand retourne pour quelques mois à Nohant, sa maison perdue dans la campagne, où l'attendent son fils, Maurice (dont elle n'arrivera jamais à se séparer plus de cinq mois), et deux de ses amis, dont Alexandre Monceau, graveur inconnu du grand public et vivant pourtant correctement des commandes de ses clients. Plein d'humour, de dévotion et sachant se montrer viril à point, Alexandre Monceau ne tardera pas à gagner le coeur de sa reine, contre l'avis de la famille de cette dernière. Mais George Sand n'a pas pour habitude d'écouter et n'en fera donc qu'à sa tête : elle installe Monceau et son atelier à Nohant et plonge avec lui dans une intimité pleine de tendresse, de passion et de respect.

Ce refus du conformisme est inné chez elle. Rebelle ? Non. Il faudrait aimer le conflit, et elle ne l'aime pas. Elle n'est pas d'avantage provocatrice. Simplement, la contrainte extérieure n'a pas de prise sur elle. La soumission lui est étrangère. Quelque chose la guide, un instinct (...) la pousse, non pas à faire toujours les bons choix, mais à s'engager dans la voie qui s'impose à elle, le moment venu. A emprunter son propre chemin, dût-il mener à une impasse ou mécontenter tout le monde, comme ce fut souvent le cas, notamment pour sa mère et sa grand-mère. Le dernier amour de George Sand - Evelyne BLOCH-DANO