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Death Comes to Pemberley depuis peu connu, dans la langue de Voltaire sous le titre de La mort s'invite à Pemberley

[Critique du roman La mort s'invite à Pemberley - P.D. JAMES]

27 Mars 2012

Comme promis dans La solitude du docteur March, il est temps de vous dévoiler si Death Comes To Pemberley, de la gente dame P.D. James (une baronne, rien que ça !), a vaincu le fatal couperet de la page 100... et la réponse est oui ! Laborieusement, Death Comes To Pemberley aura réussi à éviter que je ne referme définitivement ce roman avant de connaître la (loin d'être palpitante) fin. Un exploit, vous l'admettrez, quand on sait que P.D. James a une manière d'écrire assez particulière, bourrée de virgules mal placées (à mon humble avis) et de répétitions mal venues, mais surtout qu'elle a pris le risque de poursuivre le chef d'oeuvre de la grande et inimitable Jane Austen : Orgueil et préjugé. Sapristi ! Celle qui est censée être la reine du polar a donc plongé en plein XVIIIe siècle pour camper le décor de son énième meurtre... toutefois, elle y a mis autant de suspense que dans une couche-culotte mal odorante.

La mort s'invite à Pemberley : Jane Austen se retourne-t-elle dans sa tombe ?

La mort s'invite à Pemberley - P.D. JAMES [Death Comes to Pemberley en V.O]
Mais reprenons depuis le début, si vous le voulez bien. Pour les amateurs de Jane Austen, nous avions donc laissé la famille Bennet enchantée du mariage des filles de la maison : la tête à claques, Lydia, avait épousé le roi de l'embrouille George Wickham ; Jane, la douce aînée pleine de bons sentiments, s'était unie à Charles Bingley ; tandis que la pétillante Elizabeth trouvait son âme soeur chez le preux chevalier servant qu'est Fitzwilliam Darcy (oui oui, le même que dans Bridget Jones). Je vous évite les méandres sentimentaux et victoriens mis en place par Jane Austen pour parvenir à cette fin heureuse, cela risquerait fort de me prendre la matinée et j'ai quelque chose sur le feu qui sonne à la porte (sic).
Death Comes To Pemberley commence la veille du grand bal annuel traditionnellement tenu par (feu) Mrs Darcy, Lady Anne, dans les magnifiques salons de Pemberley... où habite désormais Elizabeth avec son mari, Mr Darcy. Alors que la tempête se déchaîne et que Georgiana, la soeur adorée de Mr Darcy, joue du piano et chante délicieusement avec son prétendant attitré, Henry Alveston, figurez-vous que débarque en pleurs et en cris stridents Lydia... qui n'était absolument pas invitée au bal pour l'excellente raison que son mari est un hôte fort peu opportun à Pemberley. Eh oui ! George Wickham avait tenté, il y a belle lurette, de séduire la jolie Georgiana, "oh le vilain garçon !" vous exclamerez-vous en coeur. Toujours est-il que l'abominable Wickham serait perdu dans les bois avec son grand ami, le capitaine Denny, et que des coups de feu auraient été entendus. Fichtre, diantre et mortecouilles, il n'en fallait pas moins pour que Mr Darcy décide de lancer une expédition dans les bois, alors que la gentille compagnie s'apprêtait à se mettre au lit à 21 heures... après avoir préparé tout un tas de choses qu'un gentleman doit toujours avoir en pareille situation. La fine équipe découvre un George Wickham plein de sang, penché sur le corps de son ami... complètement mort, bien évidemment.

The engagement, despite its brilliance, gave less pleasure than had Jane's. Elizabeth had never been popular, indeed the more perceptive of the Meryton ladies occasionally suspected that Miss Lizzy was privately laughing at them. They also accused her of being sardonic, and although there was uncertainty about the meaning of the word, they knew that it was not a desirable quality in a woman, being one which gentlemen particularly disliked. Neighbours whose jealousy of such triumph exceeded any satisfaction in the prospect of the union were able to console themselves by averring that Mr Darcy's pride and arrogance and his wife's caustic wit would ensure that they lived together in the utmost misery for which even Pemberley and ten thousand a year could offer no consolation.Death Comes to Pemberley aka La mort s'invite à Pemberley - P.D. JAMES

La mort s'invite à Pemberley : aussi exhaltant qu'un combat de poulpes

La mort s'invite à Pemberley - P.D. JAMES [Ed. Fayard]
Le reste de l'histoire est aussi palpitant qu'un soufflé qui retombe comme une crêpe à sa sortie du four. P.D. James soulève un tas de questions : pourquoi George Wickham avait-il autant d'argent dans sa poche ? Que signifient les initiales gravées sur les troncs ? Si George Wickham n'est pas coupable, qui diable l'est donc ? Mais la romancière les traite avec autant de suspense qu'il y en aurait sous l'imperméable de Colombo. C'est bien mignon de vouloir recréer l'atmosphère si propre à Orgueil et préjugé, mais un polar sans rythme c'est comme un marathon de vieux croulants en plein soleil : on sait déjà comment cela va se terminer car personne ne franchira la ligne d'arrivée. N'est pas Jane Austen qui veut ! Si l'idée de poursuivre Orgueil et préjugé était en soi amusante, et c'est bien pour cela que Death Comes To Pemberley a fini entre mes mains, le résultat n'est franchement pas terrible... un peu comme la chirurgie esthétique de Catherine Deneuve. Quitte à vouloir du bon polar dont le décor est planté dans un siècle passé (et largement), autant se plonger dans Le nom de la rose (Umberto Eco).

Les détails du livre

La mort s'invite à Pemberley

Auteur : Henry JAMES
Editeur : Fayard
Prix : 20.90 €
Nombre de pages : 380
Parution : 30 mai 2012.

27 mars 2012

Longtemps, je me suis couché(e) de bonne heure... pour lire. So what?!

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. . Caroline D.