Nora : bande-dessinée jeunesse envoûtante

Mes incursions dans le monde de la bande-dessinée sont rares, certes, mais précieuses ! Evidemment, la dernière fois remonte à la BD Fables et avant cela… fichtre diantre et mortec***, il s’agissait de la BD Batman, Sombre reflet (le tome 2) ! Oui, je sais, j’ai des goûts plutôt éclectiques. Bref ! Il était évidemment temps que je me plonge dans la BD jeunesse (et je parle bien de bande-dessinée et non d’album illustré ! le second, pour moi, tient plus du roman allégé et abondamment émaillé de dessins, mais les batailles sémantiques ne sont pas réellement le sujet du jour). C’est désormais chose faite avec Nora, bande-dessinée pleine de charme imaginée par Léa Mazé, toute jeune auteure… j’allais enchainer ma phrase avec son âge, mais je ne le connais absolument pas, je sais juste qu’elle portait un pull jaune moutarde lors d’une séance de dédicaces, l’indice est donc mince !. Enfin, cessons de tourner en rond comme un bourdon cherchant la sortie et passons au sujet du jour (bonjour !) : la bande-dessinée jeunesse Nora, accessible dès 8 ans.

Nora : une petite fille boudeuse ; une ferme et une mamie qui roupille

Visage rond, cheveux hirsutes, nez en carotte et sourcils froncés, Nora débarque dans la ferme de son oncle Lucien comme un ouragan arriverait en rase campagne. Ses parents déménagent et n’ont pas trouvé d’autre solution, pour éviter d’avoir Nora dans les pattes à longueur de journée, que de la refourguer à ce tonton vivant au calme. Les sourcils froncés, évidemment, donnaient le ton : Nora n’est pas enchantée par cet arrangement. Boudeuse, elle traine ses savates dans la ferme et, après avoir subi des représailles griffues de la chatte de Lucien, se retrouve devant un immense arbre dont le tronc lui offre une petite cabane parfaite. Grimpant dans les branches, Nora contemple le paysage, la ferme devenue lilliputienne et, soudain, son regard tombe sur une mamie ronflant paisiblement sur un banc. Toute seule. Voilà qui éveille la curiosité de Nora et délie sa langue. Aussitôt, elle se précipite vers son oncle (qui aurait probablement préféré qu’elle reste muette) et l’inonde de questions : pourquoi donc madame Jeanne est-elle toute seule ? N’a-t-elle donc pas d’amoureux ? Mais, dans la mesure où sa maman lui a dit que tout le monde avait un amoureux quelque part et qu’il suffisait de le trouver, comment diable peut-on chercher son amoureux ? La naissance de chatons fournit les munitions pour une nouvelle avalanche de questions : où sommes-nous avant d’atterrir dans le ventre de la maman ?

Nora : des questionnements intelligents et des réponses sensibles pour cette BD émouvante

A partir de ces questions (presque) anodines, Léa Mazé tisse son intrigue et libère l’imaginaire de Nora, petite fille dégourdie et curieuse, sensible… et véritable tornade qui va réveiller l’oncle Lucien. La relation avec Lucien est d’ailleurs absolument délectable : c’en est presque désopilant de voir cet homme, veuf et probablement sans enfant, se laisser submerger par ce petit bout de fille désarmant, dévoré par la curiosité et montrant une soif impressionnante pour comprendre ce qui l’entoure. A partir de la solitude de madame Jeanne et de la naissance des chatons, Léa Mazé va aborder des thèmes douloureux et délicats, comme l’amour, la mort et la guerre, la (non) naissance… tout cela à travers les yeux et l’univers forcément décalé de la petite Nora qui fera la rencontre de l’amoureux non-né de madame Jeanne et qui lui inventera une histoire afin d’éviter qu’elle ne soit seule. La bande-dessinée Nora est pleine de tendresse et saupoudrée d’un zeste d’humour (j’ai craqué sur la mouche qui vole au-dessus de la tête de Nora, en train d’avaler sa tartine, après l’explication de l’oncle Lucien sur la provenance des bébés). J’ai beaucoup aimé cette façon de retracer les chemins souvent sinueux du raisonnement des enfants, aboutissant à des idées généralement farfelues et improbables ! Les dessins de Léa Mazé, aux traits francs et expressifs, sont entièrement en « sepia » : cela apporte un certain charme à la bande-dessinée Nora, en tant qu’adulte… En revanche, peut-être cela manque-t-il d’une note de couleurs pour allécher les jeunes gremlins comme une abeille sur un pot de confiture ? La BD Nora passera le test de ma nièce dans un mois, je vous dirai cela ! (quel teasing, mais quel teasing… c’est dans le marketing que j’aurais dû travailler !) En attendant, pour moi, c’est un joli coup de coeur car cette Nora est diablement attachante avec sa moue boudeuse.