Professeur Goupil et les rires qui s'envolent : la dépression révélée en douceur et en tendresse

Alors, oui, bon, forcément, il y a mieux, pour le jour de la Saint Valentin, que de parler dépression post-partum. C'est sûr. Ce n'est pas ultra glamour. En même temps, c'est essentiel. (Et ces derniers temps, le concept d'"essentiel" n'est pas à prendre à la légère, ahem... bref, passons.) Parce que, bien que la dépression post-partum ne soit pas répandue au point de toucher toutes les femmes, il faut bien admettre que d'avoir ce petit corps plein de vitalité contre soi bouleverse sacrément, chamboule nos certitudes et nous rend vulnérables. On doute de ses capacités. On a peur de mal faire. On oublie sa voix pour écouter celle des autres (qui n'est pas forcément la bonne). Alors, oui, le petit album du Professeur Goupil et les rires qui s'envolent est essentiel. Et je remercie bien bas les éditions Little Urban de me l'avoir fait découvrir. Bon, et si je ne veux pas tout cafter dans mon introduction, il est plus que temps de vous transporter à mes côtés entre les pages du Professeur Goupil et les rires qui s'envolent !

Professeur Goupil et les rires qui s'envolent : la famille s'agrandit

Le Professeur Goupil et Akiko sont toujours aussi amoureux l’un de l’autre et ont une belle nouvelle à annoncer à leurs amis (et ils n'ont pas besoin d'aller bien loin puisqu'ils habitent tous ensemble dans l'immense maison du Professeur Goupil, avouez que c'est bien pratique) : leur famille s’agrandit. Et après de belles semaines à imaginer ce petit être, à se demander à quoi il ressemblera, une petite Lutine débarque dans leur vie. À la vue de ces quelques grammes de vie et de ses yeux pétillants, le cœur de Goupil s’emballe et il sait qu’il saura toujours faire face, gravir les montagnes, même s’il pourra, parfois, trébucher. En revanche, Akiko semble étrangère à ce bonheur. Distante. Retirée dans sa profonde fatigue.

Professeur Goupil et les rires qui s'envolent : un album délicat et tendre

Je trouve fantastique d’aborder cette thématique dans un album jeunesse. Quel joie que de lire un album sur cette impression d’être submergée, cette panique qui s’empare de nous à la perspective de devoir s’occuper d’un bébé dont on n'a pas le mode d’emploi, cette peur de mal faire qui paralyse. Et je pense qu’effectivement cet album peut aider les parents à en parler à leur enfant, si dépression post-partum il y a eu. Car, après tout, ces petites choses gesticulantes absorbent un paquet d'émotions et ont très certainement ressenti ce manque d'attention de leur maman à leur arrivée fracassante. Professeur Goupil et les rires qui s'envolent est l'album idéal pour cela : l'histoire est tendre et délicate, douce et sensible. Elle aborde avec justesse les états d'âme de la maman et la place du papa. En revanche, pour les familles n’ayant pas été concernées, je pense que seules les mamans apprécieront cette histoire toute en tendresse sur cette difficulté que l’on ressent, parfois, à devenir maman. Il n'empêche que j'ai passé un excellent moment en compagnie du Professeur Goupil et les rires qui s'envolent : le texte de Loïc Clément sonne juste et les illustrations d'Anne Montel (déjà croisée au détour des pages du fantastique album L'abécédaire des métiers imaginaires) sont toujours aussi belles, pleines de vie et de douceur. Et la couverture, véritable clin d'oeil à la vie de jeunes parents, est juste parfaite ;).